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IROQUOISIE


(1642)

Pendant que les Iroquois, par leur raid contre les Algonquins de la Petite Nation, ouvrent la première période des guerres iroquoises et de la guerre pour les fourrures, le père Paul Le Jeune accomplit sa mission à Paris. Les documents n’indiquent pas de façon complète toutes les propositions qu’il soumet au Cardinal Richelieu. Cependant, ils établissent certains points importants.

Le 28 février 1642, le père Charles Lalemant écrit une lettre au père Étienne Charlet, à Paris. En voici quelques extraits : « Il (le père Le Jeune) a obtenu dix mille écus pour envoyer des hommes par-delà, afin de fortifier contre les Iroquois et empêcher leurs courses. Il eût bien encore désiré un secours plus puissant pour chasser ceux qui entretiennent les dits Iroquois dans cette guerre, en leur fournissant des armes à feu »[1].

Champlain avait proposé la conquête de l’Iroquoisie par une armée indienne encadrée et dirigée par des soldats français. Le père Paul Le Jeune, parlant au nom des autorités de la Nouvelle-France, propose la conquête de la Nouvelle-Hollande, soit de l’état de New-York d’aujourd’hui. Il est le premier colonial à formuler cette politique. Il ne sera pas le dernier. Gouverneurs, intendants, officiers, commandants de postes, civils, religieux, soumettront successivement, pendant des décades et des décades, le même plan aux rois français. Dans cette foule, il faut signaler dès maintenant un intendant avisé comme Talon, un grand gouverneur comme Frontenac, un grand homme de guerre, comme d’Iberville. De tous les écrits composés sur ce sujet, un gros volume pourrait naître. La Nouvelle-France a toujours vu clairement que la solution du problème iroquois doit se chercher chez les Hollandais et ensuite chez les Anglais qui dirigent la Confédération, la ravitaillent en munitions, bénéficient de ses déprédations.

Le Cardinal n’accorde pas une guerre entre la France et la Hollande pour sauver la misérable

  1. RDJ, édition Twaithes, v. 21, p. 268