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IROQUOISIE

plus puissantes ? Les a-t-on découverts longtemps après leur fuite sous le nom de Tuscaroras ? Étaient-ils des Hurons ? Ou bien des Iroquets ? Est-ce la Confédération iroquoise, ou bien des tribus de la Confédération, ou bien les Agniers qui ont habité les rives du Saint-Laurent et qui en ont été chassés ?

Les solutions fourmillent, les conjectures abondent. Chacune apporte une version différente avec preuves ou semblants de preuves. Les examiner toutes exigerait un volume. Et avec la quasi-certitude d’aboutir à un résultat illusoire. Tout d’abord, les traditions indiennes n’ont pas assez de solidité pour fournir un fondement historique inattaquable. Des missionnaires qui en ont recueilli ont mis eux-mêmes les historiens en garde. Les fouilles archéologiques ne sont pas assez avancées ; elles progressent péniblement et sont parfois incapables de lire dans leurs reliques muettes les réponses qu’on leur demande. La linguistique offre parfois quelques précisions. Toutefois, les tribus iroquoises ont été nombreuses, toutes parlaient des dialectes finement nuancés de la même langue, on connaît très mal ou l’on ne connaît pas du tout les dialectes de quelques unes.

En plus des Hurons de la baie Géorgienne, plus d’une tribu, par exemple, peut à ce moment, parler le huron, tout comme plusieurs tribus se servaient de l’iroquois. En un mot, des éléments manquent et avec eux la certitude finale et absolue.

Toutefois, il faut rappeler que les Français qui ont habité la Nouvelle-France durant la première période, auront leur thèse à eux. Elle s’établit assez tôt. Elle a probablement ses origines dans les récits des premiers coloniaux, — Champlain, Pont-Gravé, Brûlé, etc. — qui ont connu des Indiens qui étaient nés en 1550 et même antérieurement et qui avaient assisté à l’expulsion des Iroquois du Saint-Laurent par les Algonquins. Elle s’exprime sous des formes diverses dans de nombreux documents. En voici quelques-unes. Sagard habite, par exemple, pendant quelques semaines, la Thébaïde qu’est le premier couvent franciscain de la rivière Saint-Charles ;