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IROQUOISIE

les éclaireurs sont même revenus à toute vitesse, poussant le cri d’alarme ; les habitants se sont préparés à plier bagage et à s’enfuir. Heureusement la nouvelle était fausse les deux fois. La fuite est facile, l’été ; la population peut se cacher vite dans la forêt. Mais il n’en est pas de même l’hiver, quand la neige révèle les empreintes des pas et que les arbres n’ont plus de feuilles. « Il y a quelques villages assez bien fortifiés, disent les missionnaires, où on pourrait demeurer, et attendre le siège et l’assaut ; ceux qui peuvent s’y retirent, les autres gagnent au pied, ce qui est le plus ordinaire : car le petit nombre, le manquement d’armes, le grand nombre d’ennemis, leur font redouter la faiblesse de leurs forts »[1]. Les Français distribuent dans les deux occasions des fers de flèches ; quatre d’entre eux possèdent des arquebuses et se tiennent prêts à courir au village qui subira l’attaque.

Le sort de la Huronie est déjà si intimement lié, économiquement, à celui de la Nouvelle-France, que les Français appréhendent l’invasion de ce pays. Ils parlent aux sachems hurons. Ils leur demandent de planter les palis de façon à former un carré parfait ; de construire à chaque angle une tourelle où les Français pourront monter et tirer sur les assiégeants avec leurs mousquets. Les Hurons acceptent cet avis et commencent à l’appliquer, dans l’un de leurs village. Pour le moment, le danger ne paraît pas grand, car l’ennemi principal, c’est le Tsonnontouan qui observe le traité de paix.

  1. RDJ, 1636-86.