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IROQUOISIE

hollandais envers ses Indiens. Il offre de si bas prix, que ceux-ci vendent leurs fourrures au Canada ; tout comme quelques années plus tôt, le monopole canadien offrant de bas prix, les Indiens de la Nouvelle-France allaient à Fort Orange.

Au début de l’année 1635, l’état de paix existe donc aux deux extrémités du vaste champ de bataille que constituent l’Ontario et Québec. Hurons et Tsonnontouans ont conclu un traité à l’extrémité occidentale ; à l’extrémité orientale, les Algonquins de la Nouvelle-France en ont conclu un avec les Onneyouts et probablement aussi avec les Agniers. Parlant des Algonquins, et de la paix, la Relation de 1635 dira en effet ce qui suit : « … Ils ont été longtemps à la traiter, mais enfin ils l’ont conclue »[1]. L’auteur ne croit pas que cette convention puisse durer. Le moindre caprice du premier individu, croit-il, peut tout remettre en question.

La paix a tendance à faire tâche d’huile. Mais les autres tribus iroquoises, Agniers, Onneyouts, Goyogouins refuseront d’entrer dans le traité Huron-Tsonnontouan. C’est ce qu’il faut inférer de certains documents. La Relation de 1637 raconte, par exemple, le supplice d’un prisonnier iroquois ; et voici l’indication précieuse qu’elle expose soudain : « Ce prisonnier n’était pas proprement du pays des ennemis ; il était natif de Sonontouan ; néanmoins, d’autant que depuis quelques années les Tsonnontouans avaient fait la paix avec les Hurons, celui-ci n’ayant pas agréé cet accord s’était marié parmi les Onnontagués, afin d’avoir toujours la liberté de porter les armes contre eux »[2]. Pour les Hurons, le pays ennemi, comme disent les Jésuites, c’est celui des Tsonnontouans. Ils se soucient assez peu des attaques des autres tribus iroquoises, qui sont moins puissantes, plus éloignées, et présentent un danger moins grave. La Huronie jouit en conséquence d’un ample répit.

Mais les documents ne disent point pourquoi, après avoir remporté une belle victoire, les Tsonnontouans offrent la paix à leurs ennemis ; ni à quelles conditions se fait cette paix ; ni pourquoi les autres tribus iroquoises refusent de devenir parties au traité.

  1. RDJ, 1635-15.
  2. Idem, 1637-11.