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III


SENS COMIQUE DE FLAUBERT

Le cœur de Flaubert, tout plein de jeunesse, saignait aux moindres froissements ; son imagination lyrique envolée aux fiers sommets, haïssait naturellement le laid, le banal et le bête. Or, le sens du réel ramenait sans cesse le romancier à la vision exacte du monde. D’un heurt continuel naquit cette verve comique amère qui coule à travers Madame Bovary, le Cœur simple, l’Education sentimentale et déborde dans Bouvard et Pécuchet.

Dès sa Tentation de saint Antoine, Flaubert s’écriait : « On n’a pas besoin de posséder les joies pour en sentir l’amertume ! Rien qu’à les voir de loin, le dégoût vous en prend. Tu dois être fatigué par la monotonie des mêmes actions, la durée des jours, la laideur du monde, la bêtise du soleil ! » Et d’Homais à Pécuchet, il se complaît dans l’idiotisme bourgeois, dont l’énormité l’exaspère et l’enchante.