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fois et dans plusieurs districts sous des noms différents; d'autres émigrent pour l'époque du recrutement, se font réclamer comme étrangers par les consuls, qui, dans un but politique, et pour créer des embarras au gouvernement local, ne leur ont pas toujours refusé leur concours. On a quelquefois recours à l'argent pour se faire libérer, sous prétexte d'incapacité de service. Enfin, il faut dire que ceux qui, malgré tous les artifices, ne peuvent éluder la loi, font de détestables soldats. La race, on le sait, ira jamais passé pour très-belliqueuse, et le temps des Macchabées est loin de nous. Les Juifs mettent une telle mauvaise grâce à porter le fusil, qu'ils parviennent à dégoûter l'État lui-même de leur service ; si bien que l'on voit, établi dans un pays de race Roumaine, un peuple étranger, quoique composé pour la moitié de gens nés sur le sol. Ce peuple ne veut ni servir, ni s'instruire, ni cultiver, ni payer ; il ne participe à aucune charge, ne fait aucun sacrifice, né se soumet pas même aux lois de police, aux règlements d'hygiène; et, avec ses huit cent mille bras, ne saisit ni la charrue, ni la pioche, ni le fusil, — mais l'argent !

Tout le petit commerce est entre leurs mains : le lait, la viande, les fruits, l'eau-de-vie surtout, l'eau-de-vie dont ils ne boivent pas et qu'ils frelatent avec le vitriol, trompant le Roumain, empoisonnant du même coup la ville et la campagne. Le Juif est tailleur, mégissier, ferblantier, bottier, horloger; il fait seul ces mille commerces, parce qu'il les fait bien; il fait la fraude tout comme le chrétien, mais avec plus de raffinement, et sa longue robe ne lui est pas inutile en cela. J'ai vu des vases de fer-blanc plats et arrondis, emboîtant le corps et introduisant, sous les plis de la lévite, l'alcool empoisonné aux octrois des villes.

Quoique les Juifs ne cultivent point par eux-mêmes la