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parlait le Roumain, lis payent ces écoles au moyen d'un impôt volontaire qu'ils prélèvent sur la viande tuée d'après les exigences de leur loi, et qu'ils cotent à 1 fr. 20 c. l'oka (le kilogramme et quelque chose en sus), tandis que la viande des chrétiens ne coûte que 60 centimes l'oka. Cet impôt suffit également à couvrir les frais de leur culte. Ils ne mangent cependant de viande que le samedi ; le reste du temps ils se nourrissent de pain, d'aulx, de légumes et de fruits. Ils vivent en tout avec une extrême parcimonie, même sans être pauvres. Les Israélites étrangers ne paient en somme à l'Etat d'autre impôt que la patente de commerce, la taxe des chaussées, mais aucune cote personnelle. Ils se refusent absolument à envoyer leurs malades dans les hôpitaux des communes ou de l'État, et ils ont partout leurs hôpitaux à eux. Seulement ou ils ne donnent pas assez pour leur entretien, ou ils ont parmi eux des administrateurs infidèles ; d'où il résulte que les malades, hommes et femmes mêlés, languissent et meurent sur des grabats infects, et soignés par des gens en guenilles, comme à Husch ; sans que l'État soit admis, d'après eux, à intervenir pour sauvegarder les Israélites pauvres et malades contre les extorsions de leurs coreligionnaires riches et malhonnêtes, et sans qu'il puisse préserver ses propres sujets contre ces foyers de pestilence. Je n'ai guère vu qu'un seul hôpital juif bien tenu, aéré et dans de bonnes conditions hygiéniques, c'est celui de Jassy.

Échappant à l'inscription civile, à l'impôt, à l'école, à l'hôpital, les Israélites nés dans le pays mettent toute leur habileté à se soustraire à la conscription militaire.

Là reparaît la question d'identité dans toute son inextricable difficulté. Le même conscrit infirme se présente plusieurs