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provisoire et conquéraient un refuge. On est donc assez mal venu à leur dire aujourd'hui : Nous voulons vous renvoyer, parce que vous nous avez corrompus ; nous voulons faire revivre des règlements que nous n'avons pas observés nous-mêmes, et, ayant trouvé bon votre argent, nous ne voulons plus de ceux qui nous l'ont mis dans la main.

Quelques années plus tard, c'est surtout de la Galicie et de la Bukowine Autrichienne que le torrent partit. Tout récemment, les exigences du recrutement dans les provinces de l'Empire, à l'occasion de la guerre avec la Prusse; aujourd'hui encore l'éventualité de nouvelles complications politiques et de plus impérieux besoins militaires, eurent pour résultat d'effrayer de nouveau les tribus d'Israël ; elles se mirent en marche vers la terre promise de l'usure, où l'on entre toujours la bourse à la main, et où le défaut d'industrie et les mauvaises récoltes promettent des affaires d'or aux spéculateurs à la petite semaine. C'est donc dans ces dernières circonstances que l'augmentation des Juifs étrangers prit des proportions effrayantes pour la concurrence impuissante et la vie matérielle même des premiers occupants, des vrais habitants Roumains.

Il est indubitable toutefois que la présence des Juifs est un bien, car ils sont industrieux, ils ont des mœurs, ils sont patients, économes au delà de ce qu'on peut dire, et laborieux sans relâche ; mais l'encombrement est un grand mal et même un danger. Il ne fallait pas les laisser entrer ? D'accord; mais ils y sont, est-il possible de les chasser ? Nous ne le croyons pas; soit qu'on se place au point de vue social ou administratif, ou au point de vue de la simple humanité. Nous examinerons plus bas s'il n'y a pas quelque moyen de suppléer par des règlements intérieurs à l'insuffi-