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STRUCTURE DU MOT : ALTERNANCES
χ/h kuəχ (cuach) « coucou », gén. kuehə (cuaiche).
χ/ do:lhəχ (d’ólfadh) « il boirait », o:lhəgʹ (ólfaidh) « il boira ».
s/ʃ voləs (mholas) « je louai », voləʃ (mholais) « tu louas ».
r/ αr (fear) « homme », gén. et plur. fʹirʹ (fir).
l/ pɑul (poll) « trou », gén. pʷi:lʹ (poill).

On voit qu’à la spirante χ correspondent deux formes palatales : h, à l’intérieur du mot, et , à la finale ; est en corrélation soit avec g soit avec une double forme vélaire : à côté de χ, que l’on a dans les formes personnelles du verbe, où la spirante constitue une désinence caractéristique, et est maintenue comme telle, on a zéro à la finale des substantifs : sɑurə (samhradh) « été », gén. sɑurəgʹ (samhraidh) ; duə (duadh) « peine », gén. duegʹ (duaidh).

§ 3. Un mot peut contenir une double alternance. C’est le cas lorsque l’alternance morphologique intéresse la consonne finale d’un groupe de forme liquide ou n, + ə (non notée dans l’orthographe usuelle) + spirante ou occlusive sonore (voir pour le détail de ces groupes, Phonétique, § 244 sq.).

On a ainsi :

boləg (bolg) « ventre », gén. bʷilʹəgʹ (builg).
borəb (borb) « grossier », gén. masc. bʷirʹəbʹ (buirb).
tɑrəv (tarbh) « taureau », gén. tαrʹəvʹ (tairbh)

et même dorəs (doras) « porte », gén. dirʹəʃ (dorais) ; mais dʹɑ:rəv (deallramh) « apparence », gén. dʹɑ:rəvʹ (deallraimh).

§ 4. De cette corrélation dépend, comme il ressort des exemples cités, une corrélation vocalique parallèle (cf. Phonétique, § 93) :

On a ainsi :

u/i muk (muc) « porc », datif mʷikʹ (muic).
o/e obərʹ (obair) « travail », gén. ebʹərʹə (oibre).
o/œ kos (cos) « pied », datif kœʃ (cois).
o/i dorən (dorn) « poing », gén. dirʹənʹ (duirn).
α/i αr (fear) « homme », gén. fʹirʹ (fir).
ɑ/i lɑg (lag) « faible », comp. ligʹə (laige).