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LE SYSTÈME DU VERBE – LA PHRASE VERBALE

§ 202. Le système repose ainsi essentiellement sur une opposition à trois termes : buailim, táim ag bualadh, táim buailte, exprimant trois aspects du procès, que nous désignerons comme « tensif », « cursif » et « extensif », le procès étant envisagé respectivement du point initial, d’un point intermédiaire, ou du point final de son développement.

L’importance prépondérante de ces trois aspects fondamentaux n’exclut pas, d’ailleurs, la notation de nuances variées, la langue pouvant créer en nombre indéterminé, sur le même principe que la série II (1º), des séries formées avec d’autres prépositions. On aura ainsi : táim chun é dhéanamh « je suis pour le faire, je vais le faire », táim ar tí é dhéanamh « je suis sur le point de le faire », táim tréis a dhéanta ou tréis é dhéanamh « je viens de le faire », tá sé le déanamh « c’est à faire », etc. : vʹi: ʃe er tʹi: ʃo:lə (bhí sé ar tí seóladh) « il était sur le point de mettre à la voile ; tɑ:mʹ χʷinʹ ʃgʹi:αl ə i:nʹʃənʹtʹ (táim chun scéal a innsint) « je vais raconter une histoire », etc.

D’autre part, le verbe d’existence possédant un présent d’habitude, les formes composées possèdent au présent une opposition sémelfactif-itératif, opposition qui, grâce à la spécialisation au sens itératif de l’imparfait, se retrouve au passé (mais non pas au futur) et se superpose à l’opposition ternaire qui domine le système.

Voyons maintenant comment se traduisent ces oppositions aux différents temps du verbe.

§ 203. Présent. Le présent I, simple, exprime :

1º le présent intemporel, de généralité ou d’habitude ; c’est la forme qu’on a dans les proverbes : nʹi dʹinʹtʹər tʹigʹ gɑn tʹαŋgə (ní deintear tigh gan teanga) « on ne fait pas de maison sans langue (= la parole est le premier de tous les instruments) » ; ə tʹe vʹi:n ɑmu: fuərən ə χʷidʹ (an té bhíonn amuigh fuarann a chuid) « qui est dehors, sa part refroidit » ; on voit que le présent d’habitude du verbe d’existence correspond pour l’aspect au présent simple des autres verbes.

Exprimant l’habitude : nʹi jinʹən tu è:nʹ nʹi: ə gʹαrt (ní dheineann tu aon nidh i gceart) « tu ne fais (jamais) rien de bien ».