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Et c’est par son secours que l’homme est souverain.
Mais qu’il devient fatal lorsque, seule et sans frein,
Sa force, enveloppant les vieux pins, les grands chênes,
Vole comme un esclave affranchi de ses chaînes.
Malheur, lorsque la flamme, au gré des Aquilons,
À travers les cités roule ses tourbillons !
Car tous les élémens ont une antique haine
Pour les créations de la puissance humaine.
Entendez-vous des tours bourdonner le beffroi ?
À la rougeur du ciel, le peuple avec effroi
S’interroge ; — au milieu des noirs flots de fumée,
S’élève, en tournoyant, la colonne enflammée.
L’incendie, étendant sa rapide vigueur,
Du front des bâtimens sillonne la longueur ;
L’air s’embrase, pareil aux gueules des fournaises ;
La lourde poutre craque et se dissout en braises ;
Les portes, les balcons s’écroulent… Plus d’abris ;
Les enfans sont en pleurs sur les seuils en débris.
Les mères, le sein nud, comme de pâles ombres,
Courent ; les animaux hurlent sous les décombres ;
Tout meurt, tombe ou s’enfuit par de brûlans chemins.
Le sceau vole, emporté par la chaîne des mains ;