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peut lancer quelques paroles utiles ; du reste, nous ne parlons que d’après notre profonde conviction, sans nous occuper du plus ou moins de succès des ouvrages que nous estimons, sans chercher à flatter l’opinion de la foule, ni même à nous mettre en opposition avec elle. Ainsi, nous dirons avec peu de personnes que la Panhypocrisiade de M. Lemercier est un poème non-seulement très-original et très-philosophique, mais encore plein de beautés de style, et tout empreint de cette poésie mâle et naïve dont le type s’était presqu’effacé en France ; nous, dirons avec beaucoup plus de monde, que l’Académie française a oublié M. de Chennedollé, mais que les beaux et grands vers du Génie de l’Homme sont restés dans la mémoire des gens de goût ; enfin, nous dirons avec tout Paris, qu’on ne fait pas des vers plus colorés, ni plus fortement trempés que ceux de MM. Méry et Barthélemy. Il nous est impossible encore de ne pas dire que la plupart de nos prétendus classiques ne connaissent ni l’antique, ni le moderne ; qu’ils n’aiment ni la Bible, ni Homère, ni Eschyle, ni Horace, ni Shakspeare, ni le Dante, etc., etc. ; qu’ils ne se délectent pas beaucoup avec Corneille, et pas du tout avec André Chénier ; toutes choses fort désagréables pour les deux ou trois hommes de