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dans les chefs-d’œuvre de notre scène, alors, toutes les questions étant éclairées, tous les trésors mis à découvert, tous les systèmes comparés et appréciés, un homme de génie viendra peut-être, qui combinera tous ces élémens, leur donnera une forme nouvelle, et plus heureux que nos grands maîtres des grands siècles, en fera jaillir la véritable tragédie française, un drame national, fondé sur notre histoire et sur nos mœurs, sans copier qui que ce soit, pas plus Shakspeare que Racine, pas plus Schiller que Corneille, comme le dit M. Victor Hugo dans son admirable préface de Cromwell, de ce Cromwell, œuvre poétique, toute virile, toute réfléchie, jusques dans ses parties les plus attaquées, type primordial du drame moderne en France, qui restera comme un objet d’envie et de colère pour les uns, d’étude et d’admiration pour les autres, et de discussions animées pour tous, quand l’oubli pèsera sur la plupart des succès d’aujourd’hui[1].

  1. Lorsque cette préface a été écrite, le juste et éclatant succès de Henri III n’avait pas encore rappelé le public au Théâtre-Français. M. Dumas a commencé avec autant de talent que de bonheur, sur notre scène, la révolution du drame historique en prose. Il a fait faire un grand pas à cette partie de l’art : c’est une gloire qui doit rester à son nom. Mais la question demeure entière pour la tragédie en vers ;