Page:Deschamps - Études françaises et étrangères, 1831, 5e éd.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xli —

cet honneur n’appartient qu’à des poètes, dans la plus noble acception du mot. Qui ne sait, par exemple, que M. Soumet, avant de se livrer à la littérature dramatique, avait touché glorieusement à plus d’une palme poétique, et contribué, par plusieurs productions étincelantes de talent, au mouvement général qui s’opère aujourd’hui dans la nature des idées et dans les formes du langage et du vers ?

Pour en revenir à la question théâtrale, comme les beaux sujets de tragédies classiques sont devenus très-rares, et comme, d’un autre côté, le succès soutenu des pièces médiocres devient de plus en plus dificile, on fera désormais fort peu de tragédies ; tant mieux : c’est la meilleure manière de remettre nos chefs-d’œuvre en pleine possession du théâtre, jusqu’à ce que des tragédies d’un nouveau genre viennent partager avec eux sans leur nuire.

Ceci nous amène naturellement à parler d’une traduction de Schiller qui rappelerait, sans aucun doute, le succès de Marie Stuart : c’est le Guillaume Tell que Pichat a laissé. Nous pouvons affirmer que le ton, la couleur, toute la poésie du poète allemand, ont passé dans l’œuvre du poète français. Pichat ayant débuté avec un grand éclat dans Léonidas et le pas qu’il a fait de Léonidas