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Et ici les faits viennent encore au secours des théories. — De toutes les tragédies représentées de nos jours au théâtre de la rue de Richelieu, quelles sont celles qui survivront aux variations des systèmes, aux caprices de la mode ? Ce sont évidemment l’Agamemnon de M. Lemercier et la Clytemnestre de M. Soumet ; c’est-à-dire, deux imitations du grec, deux sujets primitifs et de tous les temps, qui avaient été souvent manqués, et qui attendaient que deux hommes d’un haut talent vinssent les placer sur la scène française, à côté de nos anciens chefs-d’œuvre ; c’est aussi la Marie Stuart de M. Lebrun, habile traduction de l’allemand qui émeut et attache par cette poésie naturelle et colorée, qu’on retrouve avec tant de charme dans le Voyage en Grèce, du même auteur. Si nous passons à l’Odéon, que voyons-nous au premier rang des tragédies viables ? Deux sujets refaits : les Machabées, ouvrage très-remarquable, de M. Guiraud, et cette grande et forte composition de Saül, dans laquelle M. Soumet s’est montré, au même degré de supériorité, poète dramatique, épique, lyrique ; merveilleuse réunion de qualités qui a fait d’Athalie le modèle de la perfection. Une seule tragédie, toute d’invention, parmi cent autres données dans la même époque, survivra