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queur et d’impatient agite et caractérise la population de nos salons ; ce qui est naïf et grand y est traité d’ennuyeux ou de ridicule, et les bougies n’éclairent que les succès du bel esprit et des grâces fardées. Honneur donc aux poètes dont les accens mâles et sévères ne provoquent point ces applaudissemens efféminés, ces triomphes sans conséquence, qui s’éteignent et meurent avec les flambeaux d’une fête ! Et pourtant la gloire est plus belle en France que partout ailleurs, et tous les grands hommes étrangers recherchent les suffrages de Paris, comme, dans les temps antiques, on recherchait les suffrages d’Athènes. C’est que, prise dans son ensemble, la France est toujours la reine des nations ; c’est que, nulle part, les succès ne font autant de bruit ; c’est qu’une jeunesse ardente et instruite fermente sur les bancs de ses universités ; c’est enfin qu’au milieu même de ce monde si prosaïque et si superficiel, se trouvent peut-être cinq cents personnes, femmes et hommes, dont l’âme est aussi poétique et aussi rêveuse que dans les montagnes de l’Écosse ou sur les bords de l’Arno, et qui ne possèdent pas moins cette promptitude de conception, ce jugement sain, cette délicatesse de tact que rien n’égale et ne remplace chez les autres peuples. Si les masses sont