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conscience et d’équité à opposer tous les grands écrivains morts que les temps ont lentement produits, aux écrivains d’une seule époque qui est à peine au quart de son période.

Il n’y a de comparaison possible et utile à faire qu’entre les écrivains d’un même siècle ; c’est-à-dire entre les continuateurs de l’ancienne école et les sectateurs de l’école qui commence. Or, à talent égal même, ces derniers auraient un immense avantage : car les idées nouvelles triompheront complètement, et cela, par l’excellente raison qu’elles sont les idées nouvelles. Il en est dans les arts comme en politique : malheur à qui se laisse arriérer. Avant tout et en tout, il faut être de son temps. Il n’est plus douteux d’ailleurs que les Romantiques (pour nous servir encore de cette expression déjà surannée) n’aient en ce moment l’avantage du talent comme celui de la position. — « Mais, nous dit-on, n’y a-t-il point parmi les rangs des Romantiques des gens à idées extravagantes, à imagination déréglée, dont les compositions ne ressemblent à rien et dont le style est alternativement barbare et ridicule ? » — Qui vous dit le contraire ? n’avez-vous pas vous-mêmes, dans vos rangs classiques, des gens dont le style et les compositions ressemblent à tout, qui ont des idées… et une imagination…