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DLXIX. — jo Août 1649. 411

Baillet donne aussi ces détails sur le départ de Descartes pour Stockholm :

« Il quita sa chère solitude d'Egmond le premier jour de septembre

» pour venir à Amsterdam, où, après avoir laissé son petit traité des

» Passions entre les mains du sieur Louis Elzevier pour l'imprimer du-

» rant l'automne, il s'embarqua, n'ayant pour tout domestique [en marge:

» Lettr. MS. à Picot du 2 Avril 1649, du 23 Avril, du 7 May, du 14 May

» 1649.] que le sieur Henry Schluter Allemand, qui avoit été auparavant

» à M. Picot, et que M. Descartes avoit été bien aise d'avoir à son ser-

» vice, tant à cause de sa fidélité et de son industrie, que parce qu'il sça-

» voit passablement le françois, le latin et l'allemand, et qu'il ctoit homme

'm de bon secours pour les commissions et pou^ les expériences. Plusieurs

» de ses amis de Hollande, qui avoient voulu se rendre. à Amsterdam

-r pour luy dire adieu, ne purent le quiter sans faire paroitre l'affliction

n ou les mettoit le pré-sentiment qu'il avoit de sa destinée. L'un de ceux

» qui en furent le plus touchez étoit le pieux M. Bloemaert, à qui il avoit

n rendu de si fréquentes et de si longues visites à Harlem durant son

» séjour d'Egmond. Ils avoient toujours été très édifiez l'un de l'autre:

i) celuy-là, des grands sentimens de Religion dans nôtre Philosophe ; et

n celuy-cy, de la charité admirable de cet Ecclésiastique, qui avoit em-

» ployé plus de vingt mille écus de son bien, qui étoit grand, à protéger,

» à nourrir et à faire instruire les Catholiques en Hollande. [En marge:

» Rélat. MS. de M. de la Sale.] M. Bloemaert n'avoit pu laisser partir

» M. Descartes, qu'il ne luy eût donné auparavant la liberté de le faire

» tirer par un peintre, afin qu'il pût au moins trouver quelque légère

» consolation dans la copie d'un original dont il risquoit la perte. » 'B.ULLET, II, 386-387.)

La date que donne Baillet, de l'embarquement de Descartes, i" septembre, diffère, à un jour près, de celle que donne Brasset dans une lettre à Chanut, écrite de La Haye, 7 septembre 1649:

« ...le sors de cette méditation. Monsieur, pour vous dire, ce que » peut estre vous sçauez desia, que M. Des Cartes doibt estre embarqué, » il y a huict iours, pour enfiler le Nord. l'advoue que, quand il me vint » dire adieu auec vne coiffure a boucles, des souliers aboutissans en crois- » sant, et des gandz garniz de nege, il me souvint de ce Platon qui ne fut » pas si diuin qu'il ne voulust sçauoir ce que c'estoit de l'humanité, et » consideray que le recez d'Egmond alloit iecter dans Stockholm v n cour- » tisan tout chaussé et tout vestu. Ainsy les habiles gens font des irans- » mutations aussy misterieuses que la transsubstantianon de M. Brun » {nouvel ambassadeur d'Espagne à La Haye) dans son art de bien » dire. » [Bibl. Nat., fr. ijgoi,/. 620.)

« Il y a huit jours «, dans le langage usuel, voudrait dire, par rapport au 7 sept., le 3i août.

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