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DXXXIX. — 2 2 Février 1649. 287

était créé en faveur du prince palatin Cliarles-Louis. Mais celui-ci était perplexe, et ne savait s'il devait accepter dans ces conditions. Sa sœur, la princesse Elisabeth, parait avoir partagé un moment son hésitation. Voici de curieux documents sur cette affaire.

Brasset écrivit de La Haye à « Ms"^ le Conte de Servien », 3 déc. 1648 : « ...Il n'est pas mal plaisant que ces gens d'icy, aprez auoir eu si peu j) d'esgard aux interestz de la Maison palatine, facent des exclamations, » comme si les couronnes n'avoient rien faict pour elle. Il m'avoit esté » dict en bon lieu que la Reyne de Bohesme en faisoit les haultz criz, et » n'estimoit pas que M. l'Electeur son filz deubt accepter le traicté. le luy » en parlay, il y a troys iours ; elle me dict bien qu'elle ne se mesleroit » point de luy donner conseil, mais que, s'il ne l'acceptoit pas, il auroit » tort, demeurant d'accord auec moy qu'il n'y auroit rien de tel que de » remectre le pied a l'estrier et que le temps feroit le reste. » {Bibl. Nat, fr. ijyoo,/. 6()G v.,f.6gj,f. 6(j8.)

Brasset, circulaire du 4 déc. 1648 : « . . .Vous estes en lieu, Monsieur, » pour veoyr quelles sont les dispositions de M. l'Electeur Palatin pour » l'acceptation de ce qui le concerne dans le Traicté de l'Empire. Beau- » coup de gens, qui se sont fort peu souciez de ses interestz, cryent a cette I) heure qu'on les a négligez. Il fault neantmoins advoiier que les cou- » ronnes alliées (France et Suède) ont plus faict pour luy que tous ceux » de qui il devoit attendre le plus de support. La Reyne de Bohesme sa » Mère l'advoùe ainsy, et en me laissant entendre qu'elle ne se mesle pas » de luy donner conseil, elle ne laissa point de me dire contidemment, il » y a deux iours, qu'il se feroit tort, s'il n'aquiescoit. . . » (Ib.,f. 6g5.)

A Ms le Conte de Servien, 7 déc. 1648 : « . . .La Reyne de Bohesme » vient de me monstrer vne lettre de M. son aysné, par ou ie veoy bien » qu'il ne répugnera pas tant qu'aulcuns d'icy le voudroient a ce qui a » esté faict pour luy dans le Traicté de l'Empire. Il ne le déclare pas » encore formellement ; mais sa pensée paroist aller a s'accommoder a la » nécessité. » [Ib.,f. joi v. etf. 702.)

Au même, 21 déc. 1648 : « ...La protestation du député de Bour- » gongne, qui se vend icy publiquement, faict bien veoyr que les Espa- » gnolz n'ont veine qui tende a la satisfaction de la Maison Palatine, et » spécialement de la bonne Reyne de Bohesme, que ie nommerois panure, {! si les couronnes n'estoient tousiours riches, ne fussent-elles < que > » de papier doré. Elle ne faict pas la petite bouche du peu qu'elle doibt » aux offices spécieux de ces M'^ icy; quoy que M. Paw les luy eust faict » valoir des millions, l'obligation qu'ilz pensoient en mériter auprez d'elle, » passe maintenant en moquerie dans sa propre bouche. Elle a nouuelles » de M. son aysné qu'il acceptera le party faict pour luy dans le traicté de a l'Empire ; mais elle ne le dict qu'a l'oreille de ceux qu'elle sçayt auoir » deuotion pour son seruice. [Ib.,f. J25.)

Au même, 3i déc. 1648 : « ...le viens de veoyr la Reyne de Bohesme... » Elle m'a dict que M. l'Electeur son filz a rcceu la lettre des Estais de

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