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VII
Avertissement.

supprimées sans scrupule en 1647, ont été rétablies, l’s dans eſtendue, eſgal, paroiſt, etc., le c dans effect, fruict etc. ; l’édition de 1647 donne étendue, égal, paroit, effet, fruit, etc. C’est elle, bien entendu, que nous suivrons scrupuleusement.

Si nous insistons quelque peu sur cette question de l’orthographe, c’est qu’elle nous achemine à un gros problème qui se pose au sujet du texte même de la traduction française. De qui ce texte est-il exactement ? De l’abbé Picot seul, qui est, comme on sait, « l’ami de Descartes », qui a traduit le livre des Principes ? Ou bien, en certains endroits, de Descartes lui-même, qui a revu la traduction ? Ou même peut-être, car on serait tenté d’aller jusque-là, de Descartes seul, qui aurait alors récrit en français, pour une partie, sinon en entier, ses Principia Philosophiæ ? Le problème ne se posait pas, au moins dans les mêmes termes, pour les deux éditions, française et latine, du Discours de la Méthode et Essais, ni même pour les deux éditions, latine et française, des Méditations. Pour le Discours, en effet, une note explicite de Descartes disait quel degré de confiance on pouvait accorder à la traduction latine, et de qui étaient les modifications et additions, somme toute, assez légères : à savoir, du philosophe lui-même[1]. Pour les Méditations, nous avons vu quelle était la part du duc de Luynes, celle de Clerselier, et comment l’un et l’autre ont rempli leur tâche ; et dans un Avertissement au Lecteur, le « libraire », parlant au nom de Descartes, déclare que, « lors que cette verſion a paſſé ſous les yeux de l’Auteur, il l’a trouvée ſi bonne, qu’il n’en a iamais voulu changer le ſtyle, & s’en eſt touſiours defendu par ſa modeſtie, & par l’eſtime qu’il fait de ſes Traducteurs[2]». Pour la traduction des Principes, nous n’avons guère qu’une phrase, la première de la Lettre-préface à l’abbé Picot : « La verſion que vous auez pris la peine de faire de mes Principes eſt ſi nette & ſi accomplie, qu’elle me

  1. Voir, au volume Discours et Essais, p. 539.
  2. Voir, à la première partie du présent volume, p. 3, I. 11-44.