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i, ,06-107. CDLXVIII. — i er Février 1647. 601

queftions que de plus fçauans que moy auroient bien de la peine à examiner en peu de temps,toutesfois,à caufe que ie fçay bien qu'encore que i'y en employafle beaucoup, ie ne les pourrois entièrement refoudre, 5 i'aime mieux mettre promptement fur le papier ce que le zèle qui m'incite me dictera, que d'y penfer plus à loifir, & n'écrire par après rien de meilleur.

Vous voulez fçauoir mon opinion touchant trois chofes : 1 .Ce que c'ejî que l'amour. 2. Si la feule lumière

10 naturelle nous enfeigne à aimer Dieu. 3. Lequel des deux déreglemens & mauuais vfages ejl le pire, de l'amour ou de la haine 3 ?

j Pour répondre au premier point, ie diftingue entre l'amour qui eft purement intellectuelle ou raifonnable,

i5 & celle qui eft vne paflîon. La première n'eft, ce me femble, autre chofe finon que, lors que notre ame aperçoit quelque bien, foit prefent, foit abfent, qu'elle iuge luy eftre conuenable, elle fe ioint à luy de vo- lonté, c'eft à dire, elle fe confidere foy-mefme auec

ao ce bien-là comme vn tout dont il eft vne partie & elle l'autre. En fuite de quoy, s'il eft prefent, c'eft à dire, fi elle le poftede, ou qu'elle en foit poftedée, ou enfin qu'elle foit Jointe à luy non feulement par fa volonté, mais auflï réellement & de fait, en la façon qu'il luy

25 conuient d'eftre iointe, le mouuement de fa volonté, qui accompagne la connoiffance qu'elle a que ce luy eft vn bien, eft fa ioye ; & s'il eft abfent, le mouue- ment de fa volonté qui accompagne la connoiffance

a. Voir ci-avant p. 58a, 1. 25, pour cette troisième question. Rien ne se rapporte aux deux premières dans la lettre CDLXII, qui, par conséquent, est incomplète.

Correspondance. IV. 76

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