Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/588

Cette page n’a pas encore été corrigée

574 Correspondance. i, 161,

malgré nous, & que, par confequent, ils pcuuent eftre dans les beftes, & mefme plus violcns qu'ils ne font dans les hommes, fans qu'on puilîe, pour cela, con- clure quelles ayent des penfées.

Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui 5 puifTe afTurer ceux qui les examinent, que noftre cors n'eft pas feulement vne machine qui fe remue de foy- mefme, mais qu'il v a aulîi en luy vne ame qui a des penfées, excepté les paroles, ou autres fignes faits à propos des fuiets qui fe prefentent, fans fe raporter à <o aucune pafïïon. le dis les paroles ou autres lignes, pource que les muets fe feruent de fignes en mefme façon que nous de la voix; & que ces fignes foient à propos, pour exclure le parler des perroquets, fans exclure celuy des foux, qui ne laifTe pas d'eftre à pro- i5 pos des fuiets qui fe prefentent, bien qu'il ne fuiue pas la raifon; & i'adioute que ces paroles ou lignes ne fe doiuent raporter a aucune paflion, pour exclure non feulement les cris de ioye ou de trifteiïe, & fem- blablcs, mais aufli tout ce qui peut eftrè enfeignépar 20 artifice aux animaux; car fi on apprend à vne pie à dire bon iour à fa mai (trèfle, lors qu elle la voit ar- riuer, ce ne peut eftre qu'en faifant que la prolation de cette parole deuienne le mouuement de quelqu'vne de fes pallions; à fçauoir, ce fera vn mouuement de z5 l'efperance qu'elle a de manger, fi l'on a toufiours acoutumé de luv donner quelque friandife, lorsqu'elle l'a dit ; & ainli toutes les chofes qu'on lait faire aux chiens, aux cheuaux & aux (inges, ne font que des mouuemens de leur crainte, de leur efperance. ou de 3o leur ioveen forte qu'ils les peuucnt faire fans aucune

�� �