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CDXLI. — Juillet 1646. 451

Munster, le 26 juillet, après avoir passé par la Hollande; et du 20 août au 12 septembre elle revint faire un tour en Hollande, où elle vit à la Haye la reine de Bohême. Tallemant raconte d'abord que l'Espinay, gentil- homme de Normandie (Jacques d'Espinay, sieur de Vaux et de Mezieres), favori de Gaston, duc d'Orléans, fut chassé par celui-ci, pour l'avoir sup- planté auprès de sa maîtresse Louise Roger de la Marbelière, familiè- rement Louyson Roger. Cette disgrâce arriva en mai i63g (voir, pour la date, Lettres de Jean Chapelain, 1880, t. I, p. 426-427):

« L'Espinay chassé », continue Tallemant, « s'en alla en Hollande, où il » eut facilement accez chez la reyne de Bohême. Comme il y entra avec » la réputation d'un homme à bonne fortune, il y fut tout autrement » regardé qu'un autre; et, dans l'ambition de n'en vouloir qu'à des prin- » cesses ou a des maistresscs de princes, on dit qu'il cajolla d'abord la » mère, et après la princesse Louyse, car les Louyses estoient fatales à ce » garçon. On dit que cette fille devint grosse, et qu'elle alla pour ac- » coucher à Lcyde, où l'on n'en faisoit pas autrement la petite bouche. » La princesse Elisabeth, son aisnée, qui est une vertueuse fille, une fille » qui a mille belles connoissances et qui est bien mieux faite qu'elle, ne » pouvoit souffrir que la Reyne sa mère vist de bon rcil un homme qui » avoit fait un si grand affront à leur maison. Elle excita ses frères contre » luy ; mais l'Electeur [Charles-Louis, Electeur palatin, dépossédé, puis » rétabli en 164S) se contenta de luy jetter son chapeau à terre, un jour » qu'estant à la promenade à pié, il s'estoit couvert, par ordre de la » Reyne, à cause qu'il pleuvoit- un peu. Mais le plus jeune de tous, » nommé Philippe, ressentit plus vivement cette injure, et un soir, proche » du lieu où l'on se promené à la Haye, il attaque l'Espinay, qui estoit » accompagné de deux hommes, et luy n'en avoit pas davantage. Ils se » battirent quelque temps : il survint des gens qui les séparèrent. Tout » le monde conseilla à l'Espinay de se retirer, mais il n'en voulut jamais » rien faire. Enfin, un jour qu'il avoit disné chez M. de la Tuillerie » (ajouté en marge : Gaspard Coignet, comte de Courson, sieur de la » Thuillerie, mort en i653), ambassadeur de France, il sortit avec des » Loges. Si l'on cust creu que le prince Philippe eust osé le faire assas- » sincr en plein iour, on h'eust pas manqué de le faire accompagner, et il' » s'en fallut peu que M. de la Vicuville, qui avoit aussv disné chez l'Am- » bassadeur, ne prist le mesme chemin. Il fut donc attaqué par huit ou » dix Anglois, en présence du prince Philippe. Des Loges ne mit point » l'espée à la main ; l'Espinay seul se défendit le mieux qu'il put ; mais il » fut percé de tant de coups que les espées se rencontroient dans son » corps. Il voulut tascher à se sauver, mais il tomba; toutefois il fit » encore quelque résistance à genoux, et enfin il rendit l'esprit. »

« Pour ce qui est de la princesse Louyse, M"' de Longucville escrivoit » de la Haye, où elle la vit, allant à Monsier : « J'ay veû la princesse » Louyse, et je ne croy pas que personne envie à l'Espinay la couronne s de son martyre. » Pour la reyne de Roheme, on croit seulement qu'elle

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