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i. ioi-ioî. CDXXXIX. — 15 Juin 1646. 441

ie vous- vois préparé. Car, puis qu'il vous plaift de prendre la peine de reuoir mes Principes &. de les examiner, ie m'aflure que vous y remarquerez beau- coup d'obfcuritez & beaucoup de fautes, qu'il m'im- 5 porte fort de fçauoir, & dont ie ne puis efperer d'eftre auerty par aucun autre fi bien que par vous. le crains feulement que vous ne vous dégouftiez bien-toft de cette le&ure, à caufe que ce que i'ay écrit ne conduit |que de fort loin à la Morale, que vous auez choifie

10 pour voftre principale étude.

Ce n'eft pas que ie ne fois entièrement de voftre auis, en ce que vous iugez que le moyen le plus afîuré pour fçauoir comment nous deuons viure, eft de con- noiftre, auparauant, quels nous fommes, quel eft le

i5 Monde dans lequel nous viuons, & qui eft le Créateur de ce Monde, ou le Maiftre de la maifon que nous ha- bitons. Mais, outre que ie ne pretens ny ne promets, en aucune façon, que tout ce que i'ay écrit foit vray, il y a vn fort grand interualle entre la notion générale

20 du Ciel & de la Terre, que i'ay tafché de donner en mes Principes, & la connoifTance 3 particulière de la Nature de l'Homme, de laquelle ie n'ay point encore traitté. Toutesfois, afin qu'il ne femble pas que ie veuille vous détourner de voftre deflein, ie vous diray,

25 en confidence, que la notion telle quelle de la Phy- fique,que i'ay tafché d'acquérir, m'a grandement feruy pour établir des fondemens certains en la Morale; & que ie me fuis plus aifement fatisfait en ce point qu'en plufieurs autres touchant la Médecine, aufquels i'ay

3o neantmoins employé beaucoup plus de tems. De façon

a. Clers. : reconnoissance.

Correspondance. IV. 56

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