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3 5-4 Correspondance. i,4«-4*.

tels obiets fe prefentaffent à nos fens à tel &. tel tems, à l'occafion defquels il a fceu que noftre libre arbitre nous determineroit à telle ou telle chofe ; & il l'a ainfi voulu, mais il n'a pas voulu pour cela l'y contraindre. Et comme on peut diftinguer en ce Roy deux differens 5 degrez de volonté, l'vn par lequel il a voulu que ces Gentils-hommes fe battifTent, puis qu'il a fait qu'ils fe rencontraffent, & l'autre par lequel il ne l'a pas voulu, puis qu'il a défendu les duels; ainfi les Théologiens distinguent en Dieu vne volonté abfoluë & indepen- io dante, par laquelle il veut que toutes chofes fe faffent ainfi qu elles fe font, & vne autre qui efl relatiue, & qui fe raporte au mérite ou démérite des hommes, par laquelle il veut qu'on obe'ùTe à fes Loix.

Il eft befoin auffi que ie diftingue deux fortes de i5 biens, pour accorder ce que i'ay cy deuant écrit (à fça- uoir qu'en cette vie nous auons toufiours plus de biens que de maux) a auec ce que V. AlteiTe m'obiede touchant toutes les incommoditez de la vie. Quand on confidere l'idée du bien pour feruir de règle à nos ac- 20 tions, on le prend pour toute, la perfection qui peut eftre en la chofe qu'on nomme bonne, & on la compare à la ligne droite, qui eft vnique entre vne infinité de courbes aufquelles on compare les maux. C'eft en ce fens que les Philofophes ont coutume de dire que 25 bonum cjî ex intégra caufd, malum ex quouis defeélu. Mais quand on confidere les biens & les maux qui peuuent eftre en vne mefme chofe, pour fçauoir l'ef- time qu'on en doit faire, comme i'ay fait lors que i'ay parlé de l'eftime que nous deuions faire de cette 3o

a. Cf. p. 337, 1 t.

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