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i.i4- CCCXCIX. — 18 Août 164$. 27 j

Seneque s'eftudie icy a orner fon eloquution, il n'eft pas toufiours aflez exact, en l'expreffion de fa penfée ; comme, lorfqu'il dit : Sanabimur, Jî modo jeparemur à cœtu, il femble enfeigner qu'il fuffit d'eftre extraua- 5 gant pour eftre fage, ce qui n'eft pas toutefois fon intention.

Au fécond chapitre, il ne fait quafi que redire, en d autres termes, ce qu'il a dit au premier; & il adioufte feulement que ce qu'on eftime communément eftre

10 bien, ne l'eft pas.

Puis au troifiefme, après auoir encore vfé de beau- coup de mots fuperflus, il dit enfin fon opinion tou- chant le fouuerain bien : a fçauoir que rerum naturcu ajfentitur, & que ad illius legem cxcmplumque formari

i5 fapientia efl, & que beata vita efl conueniens natures fuœ. Toutes lefquelles explications me femblent fort obf- cures ; car fans doute que, par la nature, il ne veut pas entendre nos inclinations naturelles, vu qu'elles nous portent ordinairement a fuiure la volupté, contre

20 laquelle il difpute; mais la fuite de fon difeours fait iuger que, par rerum naturam. il entend l'ordre eftabli de Dieu en toutes les chofes qui font au monde, & que, confiderant cet ordre comme infallible & indé- pendant de noftre volonté, il dit que : rerum naturœ

2 5 ajjentiri & ad illius legem exemplumque formari, fapien- tia ejl, c'eft a dire que c'eft fagefle d'acquiefeer a Tordre des chofes, & de faire ce pourquoy nous croyons eftre nez; ou bien, pour parler en Chreftien, que c'eft fagefle de fe foumetre a la volonté de Dieu,

3o & de la fuiure en toutes nos actions; & que beata 7 quafi omis. — 8 & omis.

CORRESPONDAMCE. IV. 35

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