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CCCLXXVII. — 24 Mai 1645. 21 j

» une notion (quoy que confuse) d’un particulier, et non une notion com- » mune. Celles cy doiuent estre euidentes a l’entendement, aussi tost que » considérées, au lieu que les autres s’acquièrent par l’application de » celles cy. Les communes sont, comme que chasque tout est plus grand » que ses parties; que si une cause est en acte, l’effet l’est aussi, et sem- » blables. Sur telles, mon traitté de ces deux points est appuyé. Quant a » l’Existence de Dieu, mon principal fondement est ce que vous touchez, » qu’il est impossible que les choses matérielles ayent esté ab aterno; que » vous dites ne sembler point nécessaire. Car, si elles ont esté ab œterno, » il y a eu mouuementaè œterno; ce que ie demonstreray impossible. Et » s’il n’a pas esté, il est nécessaire qu’il y ayt eu quelque existence ab » œterno, qui luy ayt donné son commencement. Et cela estant conclu, » par l’éternité et la nature d’existence simple, i’infereray toutes autres » perfections. »

Enfin, dans la même lettre du 15 mars 1640, Digby indique ainsi sa méthode :

« Et de ma façon de philosopher, on n’en sçauroit rien comprendre, » sans l’auoir tout en corps, des le premier principe iusques a la dernière » conclusion; car les pièces desiointes semblent plustost des resueries, au » lieu que ie crois auoir assez bien establi mes opinions, si on les prent « (comme les Eléments d’Euclide) en suite et ordre, et que l’on pesé bien » toutes les raisons. Ayez un peu de patience, et vous en aurez un corps » entier, en mon discours de l’immortalité de l’ame, que i’acheueray au » premier i5 iours que i’auray de loisir. »

Rappelons que Descartes et Digby s’étaient rencontrés à Paris en octobre 1644 (ci-avant, p. 145), et que, les premiers mois de 1640, le bruit courut que Digby avait attiré Descartes en Angleterre (t. III, p. 5o, I. 1 5, et p. 87, 1. 14). Chapelain écrivit même de Paris, le i3 mai 1640, à Balzac : « Je » feray la diligence du P. Mersenne pour M. Descartes, qu’on m’a dit que » le milord Digby avoit attiré en Angleterre, où il imprimera sa Physique. » (Lettres de Jean Chapelain, p.p. Tamizey de Larroque, Paris, 1880, 1. 1, p. 621.) Et Mersenne aussi le crut un moment : « Le P. Mer- » senne (écrivait Chapelain à Balzac, le 19 mai 1640), vous baise fort les » mains et m’a asseuré que M. Descartes a reçu vôtre lettre. Il m’a confirme ce que l’on m’avoit dit que les Anglois nous ravissoient cet excellent homme. » (Ib., p. 627-628.)

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