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CCCLXXVII. — 24 Mai 1645. 209

le continueray auj/i de vous confeffer qu encore que ie ne pofe point ma félicité en chofe qui dépende de la for- tune ou de la volonté des hommes , & que ie ne m'ejli- meray abfolument malheureufe, quand ie ne verrois ia- 5 mais ma maifon rejlituée, ou mes proches hors de mijere, ie ne faurois confiderer les accidents nuijibles qui leur arriuent,fous autre notion que celle du mal, ni les efforts inutiles que ie fais pour leur feruice, fans quelque forte d'inquiétude, qui n ' ejl pas fitofl calmée par le raifonnement,

10 qu'vn nouueau defaflre n'en produit d'autre. Et ie penfe que, fi ma vie vous ejloit entièrement cognue, vous trou- uerie^ plus eflrange qu'vn efprit fenjible, comme le mien, s' ejl conferuéfi longtemps, parmi tant de trauerfes, dans vn corps fi foible, fans confeil que celuy de fon propre rai-

i5 fonnement, & fans confolation que celle de Ja confcience, que vous ne faites les caujes de cette prefente maladie.

I'ay employé tout l'hyuer pafjé en des affaires fi fa f- cheufes, qu'elles m'empefcherent de me feruir de la li- berté que vous m'aue^ oélroyée, de vous propojer les diffi-

20 cultes que ie trouueray en mes efludes, & m'en donnèrent d'autres, dont il me faloit encore plus de Jlupidité que ie n'ay, pour m'en defembarraffer. le ne trouuay qu'vn peu deuant mon indifpofition le loifir de lire la philo- fophie de M. le cheualier Digby*, qu'il a fait en anglois,

25 d'où i'efperois prendre des argumens pour réfuter la voflre, puijque le fommairc des chapitres me montroit deux endroits, ou il pretendoit l'auoir fait ; mais ie fus toute eflonnée, quand i'y arriuay, de voir qu'il n'auoit rien moins entendu que ce qu'il approuue de voflre fen-

3o timent de la reflexion, & de z ce qu'il nie de celuy de la

a. Supprimer ce mot de ou lire que?

Correspondance. IV. 27

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