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i,86-8 7 . CCCLXXV. — 18 Mai 1645. 201

en mefme eflat. Mais i'ay apris, par fes dernières, que voftre Altefle a eu, trois ou quatre femaines durant, vne fièvre lente, acompagnée d'vne toux feiche, & qu'après en auoir efté déliurée pour cinq ou fix iours, 5 le mal eft retourné, & que toutesfois, au temps qu'il m'a enuoyé fa lettre ^aquelle a efté prés de quinze iours par les chemins), voftre Altefle commençoit de- rechef à fe porter mieux. En quoy ie remarque les lignes d'vn mal fi confiderable, & neantmoins auquel

10 il me femble que voftre Altefle peut fi certainement remédier, que ie ne puis m'abftenir de luy en écrire mon fentiment. Car, bien que ie ne fois pas Médecin, l'honneur que voftre Altefle me fit, l'efté paflé 8 , de vouloir fçauoir mon opinion, touchant vne autre in-

i5 difpofition qu'elle auoit pour lors, me fait efperer que ma liberté ne luy fera pas defagreable.

La caufe la plus ordinaire de la fièvre lente eft la triftefle; & l'opiniaftreté de la Fortune à perfecuter voftre maifon, vous donne continuellement des fuiets

jo de fafcherie, qui font fi publics & fi éclatans, qu'il n'eft pas befoin d'vfer beaucoup de conie&ures, ny eftre fort dans les affaires, pour iuger que c'eft en cela que confifte la principale caufe de voftre indifpo- fition. Et il eft à craindre que vous n'en puifliez eftre

i5 du tout déliurée, fi ce n'eft que, par la force de j voftre vertu, vous rendiez voftre ame contente, malgré les difgraces de la Fortune. le fçay bien que ce feroit eftre imprudent de vouloir perfuader la ioye à vne perfonne, à qui la Fortune enuoye tous les iours de

3o nouueaux fuiets de déplaifir, & ie ne fuis point de ces

a. Voir ci-avant p. i33, 1. 7.

Correspondance. IV. 26

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