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in, io 7 . CCCLVII. — Octobre 1644. 141

qui ont le fens commun aflez bon, & qui ne font point encore imbus d'opinions contraires, font tellement portez à les embrafler, qu'il y a apparence qu'elles ne pourront manquer, auec le temps, d'eftre receuës de 5 la plufpart des hommes, & i'ofe mefme dire des mieux fenfez. le fçay qu'on a crû que mes opinions eftoient nouuelles ; & toutesfois, on verra icy que ie ne me fers d'aucun principe, qui n'ait efté receu par Ariftote, & par tous ceux qui fe font iamais méfiez de philofo-

10 pher. On s'efl aufli imaginé que mon deffein eftoit de réfuter les opinions receuës dans les Efcoles, & de taf- cher à les rendre ridicules ; mais on verra que ie n'en parle non plus que fi ie ne les auois iamais apprifes. Enfin, on a efperé que, lorfque ma Philofophie paroif-

i5 troit au iour, on y trouueroit quantité de fautes, qui la rendroient facile à réfuter; & moy, au contraire, ie me promets que tous les meilleurs efprits la iugeront fi raifonnable, que ceux qui entreprendront de lim- pugner, n'en receuront que de la honte, & que les plus

20 prudens feront gloire d'eftre des premiers à en por- ter vn fauorable iugement, qui fera fuiuy, par après, de la pofterité, s'il fe trouue véritable. A quoy fi vous contribuez quelque chofe, par voflre authorité & voftre conduite, comme ie fçay que vous y pouuez

a5 beaucoup 8 , ce fera vn furcroift aux grandes obliga- tions que ie vous ay deûa, & qui me rendent, &c.

a. Le P. Charlet était Assistant de France auprès du Général de la Compagnie de Jésus.

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