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i,5«. CCCXLVII. — 2 Mai 1644. 119

à le vouloir. I'auoùe bien qu'il y a des contradi&ions qui font fi éuidentes, que nous ne les pouuons re- prefenter à noftre efprit, fans que nous les iugions entièrement impoflibles, comme celle que vous pro-

5 pofez : Que Dieu auroit pu faire que les créatures ne fujfent point dépendantes de luy. Mais nous ne nous les deuons point reprefenter, pour connoiftre l'immenfité de fa puiffance, ny conceuoir aucune preferance ou priorité entre fon entendement & fa volonté; car l'idée

10 que nous auons de Dieu nous apprend qu'il n'y a en luy qu'vne feule a&ion, toute fimple & toute pure; ce que ces mots de S. Auguftin expriment fort bien : Quia vides ea, funt &c. *, pour ce qu'en Dieu videre & velle ne font qu'vne mefme chofe.

i5 le diftingue les lignes des fuperficies, <& les points des lignes, comme vn mode d'vn autre mode ; mais ie diftingue le cors des fuperficies, des lignes, & des points qui le modifient, comme vne fubftance de fes modes. Et il n'y a point de doute que quelque mode,

20 qui appartenoit au pain, demeure au faint Sacrement, vu que fa figure extérieure, qui eft vn mode, y de- meure. Pour l'extenfion de Iefus-Chrift en ce S. Sa- crement, ie ne l'ay point expliquée, pource que ie n'y ay pas efté obligé, & que ie m'abftiens, le plus qu'il

a5 m'eft poffible, des queftions de Théologie, & mefme que le Concile de Trente a dit qu'il y eft, eâ exi/îendi ratione quant verbis exprimere vix pojjumus. Lefquels mots i'ay inferez à deffein, à la fin de ma réponfe aux quatrièmes obiedions b , pour m'exempter de l'expli-

a. Confessions, XIII, 38.

b. Page 290. (Edit. 1642.)

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