Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée

114 Correspondance. i,5ai-5a».

touchent les fens, partie par les impreffions qui font dans le cerueau, & partie auffi par les difpofitions qui ont précédé en l'ame mefme, & par les mouuemens de fa volonté ; ainfi que la cire reçoit fes figures, partie des autres cors qui la preflent, partie des 5 figures ou autres qualitez qui font défia en elle, comme de ce qu'elle eft plus ou moins pefante ou molle &c, & partie aufii de fon mouuement, lors qu'ayant elle agitée, elle a en foy la force de conti- nuer à fe mouuoir. 10

Pour la difficulté d'apprendre les fciences, qui eft en nous, & celle de nous reprefenter clairement les idées qui nous font naturellement connues, elle vient des faux préiugez de noftre enfance, & des autres caufes de nos erreurs, que i'ay tafché d'expliquer afiez au i5 long en l'écrit que i'ay fous la prefle*.

Pour la mémoire, ie croy que celle des chofes ma- térielles dépend des veftiges qui demeurent dans le cerueau, après que quelque image y a efté imprimée ; & que celle des chofes intellectuelles dépend de quel- 20 ques autres veftiges, qui demeurent en la penfée mefme. Mais ceux-cy font tout d'vn autre genre que ceux-là, & ie ne les fçaujrois expliquer par aucun exemple tiré des chofes corporelles, qui n'en foit fort différent; au lieu que les veftiges au cerueau le 2 5 rendent propre à mouuoir lame, en la mefme façon qu'il l'auoit meuë auparauant, & ainfi à la faire fou- uenir de quelque chofe; tout de mefme que les plis qui font dans vn morceau de papier, ou dans vn linge, font qu'il eft plus propre à eftre plié derechef, 3o

a. Principia Philosophiœ, pars prima, 71-74 inclUs.

�� �