Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, II.djvu/657

Cette page n’a pas encore été corrigée

u, .02-10?. CLXXVII. — \j Novembre 16^9. 625

teffe. Car la mefme force feroit mouuoir vne pierre double en grolTeur, de la moitié moins vifte que la fimple.

Ce n eft pas raerueille que nous puiffions ietter vne

5 pierre fort haut, fans que le torrent de la Matière fub- tile qui eft dans F Air nous en empefche; car la force de noftre bras dépend d'vn autre torrent de Matière fubtile, qui eft encore beaucoup plus rapide, à fça- uoir celuy qui agite nos efprits| animaux, & qui diff"ere

10 de l'autre en force & adiuité, autant que le Feu diffère de l'Air.

Voftre expérience que le trou d'vne demie ligne donne quatre fois moins d'eau que celuy d'vne ligne, mais que celuy-cy n'en donne que deux fois moins

i5 que celuy de deux lignes, me femble du tout incroya- ble, cœteris paribus, c'eft à dire faifant que le tuyau demeure toufiours plein iufques au haut. Car, fi on ne le remplift point à mefure que l'eau s'écoule, il eft eui- dent que, d'autant plus que le trou fera grand, d'autant

20 plutoft elle s'abaiflera dans le tuyau ; & vous fçauez

qu'elle coule d'autant moins vifte qu'elle eft plus baffe.

Voftre voyage d'Italie me donne de l'inquiétude, car

c'eft vn pais fort mal fain pour les François; fur tout

il y faut manger peu, car les viandes de là nourriffent

25 trop; il eft vray que cela n'eft pas tant confiderable pour ceux de voftre profeffion. le prie Dieu que vous en puiffiez retourner heureufement. Pour moy, fans la crainte des maladies que caufe la chaleur de l'air, i'au- rois paffé en Italie tout le temps que i'ay paffé en ces

3o quartiers^, & ainfi ie n'aurois pas efté fujet à la calom-

a. Voir lettre XXXIII, t. I, p. 204, l. 17-27.

�� �