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de Fermat, en laquelle ie vous aſſure qu’il n’y a pas vn ſeul mot que ie vouluſſe eſtre changé, ſi ce n’eſt qu’on euſt falſifié ceux dont ie vous ay auerty, ou d’autres, ce qui ſe connoiſtroit aux litures[1], car ie croy n’y en 5 auoir fait aucune. I’admire auſſi que vous parliez de marquer ce que vous trouuerez de faux contre l’experience en mon Liure ; car i̇’oſe aſſurer qu’il n’y en a aucune de fauſſe, pource que ie les ay faites moy-meſme, & nommément celle que vous remarquez de 10 l’eau chaude qui gele pluſtoſt que la froide ; où i’ay dit non pas chaude & froide, mais que l’eau qu’on a tenuë long-temps ſur le feu ſe gele pluſtoſt que l’autre[2] ; car pour bien faire cette experience, il faut, ayant fait boüillir l’eau, la laiſſer refroidir, iuſqu’à ce qu’elle ait 15 acquis le meſme degré de froideur celle d’vne fontaine, en l’éprouuant auec vn verre de temperament, puis tirer de l’eau de cette fontaine, & mettre ces deux eaux en pareille quantité & dans pareils vazes. Mais il y a peu de gens qui ſoient capables de 20 bien faire des experiences, & ſouuent, en les faiſant mal, on y trouue tout le contraire de ce qu’on y doit trouuer. Ie vous ay répondu cy-deuant touchant les couronnes de la chandelle, & vous aurez maintenant receu ma lettre[3].

25 Ie viens à voſtre derniere que ie n’ay receuë qu’auiourd’huy, & il eſt minuict, car depuis l’auoir receuë i’ay écrit à Monſieur Midorge[4], à Monieur Hardy[5], &

  1. Litures] ratures (Exemplaire de l’Institut).
  2. Meteores, Disc. I, p. 164, « plutost que d’autre » (Desc.).
  3. Lettre CI, t. I, p. 502, l. 10.
  4. Lettre CX, p. 1.
  5. Lettre perdue.