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CLXII. — 6 Mai 16^9. ^4^

Monfieur,

le n'ay receu la lettre que vous m auez fait l'hon- neur de m'écrire que le 4 de ce mois, bien qu'elle foit dattée du i ^ du précèdent ; ce que ie marque, afin que

5 vous fçachiez que ie n'ay point différé a y répondre a deffein de vous ôter l'occafion de me faire la faueur de venir icy, fuiuant l'offre que vous en faites. Il eft vray que i'aurois trez mauuaife grâce de vous conuier a prendre de la peine pour vous rendre en vn lieu, ou

10 vous ne fçauriez être fi bien receu que vous méritez ; & les règles de la bienfeance me le deffendent, mais ne peuuent m'empécher de vous témoigner que, fi néanmoins il vous plaît de le faire, i'en feray trez aife & vous en auray obligation. Ce que ie vous eufife

i5 écrit dez hier, finon que i'ay voulu prendre ce iour, pour voir le liure qu'il vous a pieu m'enuoyer.

le m'affeure que vous attendez que ie vous en mande mon opinion; mais ie m'en difpenferay, s'il vous plaift, iufques a ce que i'aye l'honneur de vous

20 voir. Car ie n'en fçaurois rien dire de vray, qui ne foit

trop au defauantage de l'autheur ; & fi c'eft vn homme

que vous aimiez, ie ferois très marry de luy déplaire.

I'ay fort plaint la mort de M"^ Renery. l'allay pour le

voir, fi toft que i'eu apris que fon mal auoit pafiTé les

25 bornes d'vne fimple fleure ; mais i'en auois efté auerti fi tard, que ie ne le trouuay plus en eftat de receuoir aucune affiflance de fes amis% & mon voyage fut en tout fi peu heureux, que mefme ie ne vous trouuay

a. Voilà qui ne concorde guère avec le récit de la mort presque subite de Reneri, le jour même de ses noces. Voir plus haut, p. 529, i" alinéa. Correspondance. II. 69

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