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11,455. CLVII. — 20 Février 1659. ^25

quelque expérience qu'on die auoir faite. Et pour des noix, elles font fi dures, que ie croy que chacune en pourroit foûtenir plus de 10 000, & ainfi qu'on en pourroit remplir la plus haute tour qui foit au monde, 5 fans que pour cela elles fe cafTafTent.

La multitude & l'ordre des nerfs, des veines, des os & des autres parties d'vn Animal, ne monftre point que la Nature n'eft pas fuffifante pour les former, pourueu qu'on fupofe que cette Nature agit en tout

10 fuiuant les loix exades des Mechaniques, & que c'eft Dieu qui luy a impofé ces loix. En effet, i'ay confideré non feulement ce que Vezalius & les autres écriuent de l'Anatomie, mais auffi plufieurs chofes plus parti- culières que celles qu'ils écriuent, lefquelles i'ay re-

1 5 marquées en faifant moy-mefme la diffedion de di- uers animaux. C'eft vn exercice où ie me fuis fouuent occupé depuis vnze ans*, &ie croy qu'il n'y a gueres de Médecin qui y ait regardé de fi prés que moy. Mais ie n'y ay trouué aucune chofe dont ie ne penfe

20 pouuoir expliquer en particulier la formation par les caufes Naturelles, tout de mefme que i'ay expliqué, en mes Météores, celle d'vn grain de fel, ou d'vne petite étoille de neige. Et fi i'eftois à recommencer mon Monde, où i'ay fupofé le corps d'vn animal tout

2 5 formé % & me fuis contenté d'en monftrer les fon- dions, i'entreprendrois d'y mettre auffi les caufes de fa formation & de fa naiifance. Mais ie n'en fçay pas

a. Cf. tome I, p. 102, 1. 18, et p. 137, 1. 6.

b. Météores, Discours troisiesme, p. 184, etc., et Discours sixiesme, p. 221, etc.

c. Cf. lettres XLV et XLVI, t. I, p. 254 et 263.

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