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460 Correspondance.

» solà inductione inventam mihi affirmât, sed eriam in eâ haeresi est, ut » vix credat ejus rei demonstrationem inveniri posse, nisi qualem Des « Cartes adhibet » {Bibl. Nat.,fr. n. a. 6206, f» iSp, p. Sog).

D'autre part, il convient de remarquer que, dans le second volume de ses Opéra mathematica (Oxford, 1693, p. 7 non numérotée), Wallis, ré- pondant à Baillet, s'exprime comme suit au sujet de Pell :

« Quid PcHius ipse senserit, ego aliquatenus intelligo, ut qui me hac > de re sxpius compellavit; et ex cujus ore descripsi quod hac de re dixi; » eique, postquam erat descriptum, ostendi (examinandum, immutandum, » emendandum pro arbitrio suo, si quid alias dictum malit), antequam » prelo subjiceretur, totumque illud quod inde prodiit, assentiente et ap- » probante Pellio dictum est. »

D'après le récit de Wallis (ib., p. 204-205), c'est d'ailleurs à Pell qu'il devait l'anecdote sur Roberval, qu'il mit en circulation dans l'édition an- glaise de son Algebra (i685); Charles Cavendish lui-même l'aurait racontée à Pell. Le fait se serait passé opère tum nuper edito; mais on ne peut regarder, à cet égard, comme précis un témoignage postérieur de quarante ans. Charles Cavendish ne résida en France qu'à partir de 1645, après la guerre civile d'Angleterre ; c'est donc après cette date qu'il faut placer ses premières relations avec Roberval, et c'est ce qui fait que Des- cartes apprit l'accusation de plagiat, non pas par Mersenne, mais, après la mort de ce dernier, par Carcavi en 1649.

Or, le petit écrit anonyme d'algèbre, que Baillet, transformant en affir- mation un doute de Carcavi, anribue à un Jésuite, et qui contenait l'ac- cusation que nous discutons, cet écrit existe en manuscrit à la Biblio- thèque Nationale (fr. n. a. 5 161, f" i), et a été publié, avec deux autres auxquels il fait suite, par M. Paul Tannery dans la Correspondance de Descartes, etc. (Paris, Gauthier -Villars, 1893). On y lit effectivement (p. 5 1-52):

< Thomas Hariot, Anglois, dans un Livre intitulé : Artis Analyticœ » Praxis, que l'on imprima à Londres après son decés en i63i, rapporte » un grand nombre d'exemples semblables, où je te renvoie, si tu en de- » sires d'autres que les précédents; et, si tu prends la peine de le par- » courir, tu m'avoueras que le S' Desc. ne l'a pas négligée, ainsi qu'il est » aisé a reconnoltre par les termes dont il' se sert, que cet auteur avoit » employés auparavant lui. »

M. Paul Tannery a établi, d'autre part, que ce factum, où Roberval est également injurié, doit être attribué à Beaugrand (mort à la fin de 1640) et peut remonter à la fin de i638. Il dut ne circuler assez longtemps que sous le manteau, quoique Mersenne ait su de bonne heure que Beaugrand écrivait contre Descartes (voir plus haut, page 396, 1. 3).

Si donc l'envie d'un compatriote devança la jalousie nationale, en oppo- sant le nom d'Harriot à celui de l'auteur clés Essais, elle n'attira guère l'attention. Baillet exagère en tout cas l'inimitié de Roberval ; probable- ment il a pris trop à la lettre les termes sous lesquels Descartes parle de

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