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14 Correspondance.

Baillet (I, 33 1) dit a que la pièce, quoique écrite au nom des deux amis » de M. de Fermât, étoit toute du stile de M. de Roberval,et que M. Pascal » n’y avoit d’autre part que celle du consentement et de la communica- 1) tion. »• Cette assertion n’est guère plausible; si la réplique (ci-après CXX) à la présente lettre CX a été écrite par Roberval seul, c’est qu’Etienne Pascal était absent (comme le marque le post-scriptum); mais, de même que la lenre à Fermât du i6 août i636 [Œuvres de F., t. II, p. 35), le premier écrit adressé à Descartes sous le nom de MM. Pascal et Roberval a dû résulter d’une collaboration effective, dans laquelle même la part d’Etienne Pascal a pu être d’autant plus grande qu’en réalité Roberval rédigeait très difficilement.

Baillet (I, 3o5) donne l’explication suivante de ce qu’il appelle l’ani- mosité de Roberval contre Descartes. C’est à la suite du passage rap- pelé tome I (p. Si 9, éclaircissement), d’après une relation de Chauveau : u M’ de Roberval ne fut point compris dans ce nombre. Cela luy parut » d’une distinction trop injurieuse pour n’en point avoir de ressenti- » ment. Il s’en expliqua dés lors assez ouvertement, et se prépara à bien » critiquer la Géométrie de M. Descartes. Mais voyant ensuite qu’on ne » luy avoit pas même fait part des 200 exemplaires du volume qui ren- » fermoit les quatre traitez, il conçut contre M. Descartes une animosité » immortelle, dont il n’eut pas la discrétion de dissimuler l’origine aux » amis qu’il sçavoit d’ailleurs luy être communs avec M. Descartes. » {En marge : Rélat. Ms. de M. Fédé, etc.)

La vérité est que Descartes conçut de très bonne heure une jalousie de la grande estime que Mersenne faisait de Roberval comme géomètre {voir tome I, p. 288, 1. 26 et note); que Roberval dut le sentir et lui rendre la pareille. Mais dans l’occasion qui commença leurs disputes, il est hors de propos de rechercher, pour l’intervention de Roberval, un motif de ce genre. De même qu’en août 1 636, il avait, de concert avec Etienne Pascal, pris l’offensive contre Fermât, parce qu’il avait cru, et à bon droit, que celui-ci se trompait, de même, en février i638, il prit l’offensive contre Descartes, parce qu’il jugeait, à bon droit encore, que la critique par ce dernier de l’écrit de Fermât n’était pas valable. D’autre part, la lettre d’E. Pascal et Roberval étant perdue, nous ne pouvons apprécier si, comme forme, elle n’était pas suffisamment courtoise, si dès lors elle pouvait réellement blesser Descartes; mais a priori nous n’avons aucune raison de le penser.

Quant au fonds de la dispute, il suffira de remarquer que Descartes s’attache à la lettre de l’Ecrit de Fermat de maximâ et minimâ, et affecte de ne pas comprendre la méthode qui s’y trouve exposée, à la vérité d’une façon un peu obscure, mais conforme à l’usage du temps. Les mathématiciens, dans leurs communications entre eux, restaient toujours alors plus ou moins énigmatiques (pour Descartes lui-même, voir au tome I ses lettres XXXIX à Golius, LI à Stampioen).

Ainsi, dans la critique de la méthode des tangentes de Fermat par