Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, II.djvu/399

Cette page n’a pas encore été corrigée

1,936. CXLIII. — 12 Septembre i6j8. 565

& nous n'aurions iamais acheué, fi ie n'expliquois toute ma Phyfique.

8, 9 & 10. le n'ay befoin, pour prouuer l'exiftence de cette matière, que de faire confiderer qu'il y a des 5 pores en tous les cors fenfibles, ou du moins en plu- fieurs, comme on voit à l'œil dans le bois, dans le cuir, dans le papier, &c.; et que ces pores eftant fi eftroits que l'air ne les peut pénétrer, ils ne doiuent pas pour cela eftre vuides; d'où il fuit qu'ils doiuent eftre rem-

10 plis d'vne matière plus fubtile que n'eft celle dont ces cors font compofez, à fçauoir de celle dont ie parle. Et pour les diuers mouuemens de cette matière fub- tile,. ils fe demonftrent aflez par ceux des cors dans les pores defquels elle pafle; car eftant tres-fluide

i5 comme elle eft, il faudroitdes miracles pour empef- cher qu'elle ne fe mûft en toutes les diuerfes façons qu'elle peut eftre pouflee par eux.

II. Vous pourriez ainfi objeder à ceux qui difent que le fon n'eft autre chofe hors de nous qu'vn cer-

20 tain tremblement d'air qui frape nos aureilles, que ce fentiment du fon eft donc premier que les cors fon- nants, & qu'il n'y auroic point de tels cors au monde, s'il n'y auoit point d'animal pour ouïr les fons, &c. Et il me fuffit de répondre que les cors lumineux ont en

î5 eux tout ce pour quoy on les nomme lumineux, c'eft à dire tout ce qu'ils doiuent auoir pour nous faire fentir la Lumière, auant qu'ils nous lafaflent fentir; et qu'ils ne lairroient pas d'auoir en eux la mefme chofe, en- core qu'il n'y euft point d'animal au monde qui euft

3o des yeux.

3 befoin] refolu.

�� �