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aux adjectifs verbaux, bruslant, pliant, pesant, etc. (sauf certains cas, comme enfant et grand, etc.); ailleurs, c’est-à-dire dans les substantifs et les adverbes, an est remplacé par en, et Descartes écrit element, mouuement, etc., seulement, generalement, etc. Et on trouve ceci de bonne heure, dans une lettre du 2 février 1632. Mais son ancienne orthographe reparaît de temps à autre dans des cas isolés, comme souuant (f. 10, recto, l. 9), bras panchez (5 octobre 1637) ; par contre, l’habitude nouvelle lui fait écrire une fois ou deux maintenent, au lieu de maintenant. Ou bien il oscille entre les deux formes et va de l’une à l’autre : resistence et resistance se trouvent dans la même page à dix lignes d’intervalle (f. 33 verso, l. 1 et 11, du 31 mars 1646), ou même à deux lignes d’intervalle (f. 29 recto, l. 18 et 20, du 26 avril 1643). On trouve inaduertence (9/19 mai 1635), et à la fois condamné et condemnation (17 août 1640). Ce serait là des fautes, si l’on ne songeait au changement que, de parti pris, Descartes a fait subir à son orthographe, et qui parfois l’entraîne lui-même

Un mot bien commun, le temps, a été aussi changé par lui. On trouve écrit le tans dans l’autographe de novembre 1629, et aussi dans une lettre plus ancienne encore, du 18 juillet 1629, au P. Gibieuf. Mais déjà dans une lettre du 7 février 1633, Descartes écrivait le tems, qui fut désormais son orthographe définitive. Nous retrouverons plus loin ce mot, qui donne lieu à d’autres observations à cause du p intercalé entre m et s (le temps).

III. — CONSONNE S. (Première fonction.)

De toutes les consonnes la plus intéressante pour l’orthographe est certainement la consonne s : tantôt simplement muette, elle vient se placer à la fin des mots, comme marque du pluriel ; tantôt jointe aux voyelles ou aux diphtongues, elle leur donne un son nouveau, qui n’a d’autre signe aujourd’hui qu’un accent (circonflexe, aigu ou grave) sur ces mêmes voyelles ou diphtongues em-