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naturel ie haïs & ie deteſte cette racaille d’eſprits malins, qui voyans paroiſtre quelque eſprit releué, comme vn Aſtre nouueau, au lieu de luy ſçauoir bon gré de ſes labeurs & nouuelles inuentions, s’enflent 5 d’enuie contre luy, & n’ont autre but que d’offuſquer ou éteindre ſon nom, ſa gloire, & ſes merites ; bien qu’ils ſoient par luy tirez de l’ignorance des choſes dont liberalement il leur donne la connoiſſance. I’ay paſſé par ces piques, & ſçay ce qu’en vaut l’aune[1] ; 10 la poſterité plaindra mon malheur &, parlant de ce ſiecle de fer, dira auec verité que la fortune n’eſtoit pas pour les hommes ſçauans. Ie ſouhaitte neantmoins qu’elle vous ſoit plus fauorable qu’à moy, afin que nous puiſſions voir voſtre nouuelle Phyſique, 15 par les principes de laquelle ie ne doute point que vous ne puiſſiez reſoudre nettement toutes mes difficultez. C’eſt pourquoy attendant l’honneur de voſtre réponſe, ſelon que le permettra voſtre loiſir, ie vous prie de croire qu’entre tous les hommes de lettres de 20 ma connoiſſance, vous eſtes celuy que i’honore le plus, pour voſtre vertu & vos genereux deſſeins ; & que ie m’eſti|meray heureux toute ma vie, ſi vous m’accordez la qualité de, &c.

De Paris, ce 22 Fev. 1638.
  1. Voir p. 291, éclaircissement de p. 289, l. 2, et p. 313-314.