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3° Les souvenirs du latin sont moins apparents chez lui qu’on ne serait porté à le croire : il n’écrit pas, comme on écrivait et imprimait de son temps, doubte, debuoir, escript, etc., mais sans b ni p, doute, deuoir, escrit, etc. Il écrit cependant presque toujours adiouster, sauf une ou deux exceptions (f. 17 verso, l. 23 et 38), i’aioutay et aiousté. Mais, au lieu de cognoistre, cognoissance, cogneu, il écrit connoistre, connoissance et même connû, sans g. — Une remarque, en passant, à propos de la consonne g : Descartes lui conserve devant eu le même son que devant a, o, u, et il écrit longeur, aussi bien que longueur.

4} La lettre h se trouve non seulement dans methode et philosophie, theoresme, these, epithete, mathematique, etc., mais dans mechanique, autheur et authorité, cholere, chorde, eschole et escholier. Une fois pourtant on trouve corde (f. 24 verso, l. 28, du 4 mars 1641), avec chordes, cinq lignes plus bas (l. 33), et une autre fois escolier (f. 18 verso, l. 31) ; mais ces deux mots sans h sont rares. On trouve aussi galimathias (f. 20 recto, l. 34). Plusieurs fois, cependant, Descartes écrit biblioteque, sans h ; dans une lettre très ancienne de janvier 1631, l’h écrit d’abord à la fin de Sainte Elisabeth est visiblement barré ; mais plus tard il reparaît dans Mme la princesse Elisabeth. Trouverait-on aussi Boëme sans h, comme il est réellement dans la copie d’une lettre de Descartes à Pollot, ou bien est-ce le copiste qui n’aura pas pris la peine ici d’écrire la lettre h ? Toujours est-il que Descartes la supprime une fois encore dans isocrone (f. 33 recto, l. 12), une fois même dans parelies (9/19 mai 1635), et dans le mot latin allucinatus (28 octobre 1640)[1].

5° La consonne c est encore employée dans mocquer et pac-

  1. Lannel, dans la Lettre déjà citée (p. lxxxvi et xcii, notes), était plus catégorique, p. 44-45 : « le ne puis aussi me resoudre à écrire Alphabet, Orthographe, et quelques autres semblables, auec vn p et vn h, pour montrer que nous les auons empruntez des Grecs, ny Coulpable auec vn l, ny Deub auec vn b, et quelques autres de mesme qui ont esté pris des Latins ; car puis que ces mots là sont deuenus François, il n’est point necessaire de leur laisser aucune marque étrangere, qui ne sert qu’à faire de la peine a ceux qui ignorent le Grec et le Latin. Les mots que nous auons tirez d’Athenes ou de Rome ne sont pas de la condition des Iuifs, ausquels on fait porter quelques signes pour les distinguer des autres. » Voir là-dessus l’opinion de Mersenne, p. lxxix plus haut, note.