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es, é, e (comme tout à l’heure eu, û, u). Voici d’abord les cas les plus fréquents : i’estois, esté, escrire, tesmoigner, s’estonner, esclaircir, etc., estat, estude, etc. Mais on trouve aussi il repont, il medit ; on trouve très souvent decrit et decrite (f. 1i5 recto, l. 4, 7, 9, et verso). Dans une lettre du 23 août 1638, on trouve avec une s récrite au-dessus, ils mesprisent, que Descartes avait d’abord écrit meprisent (f. 20 recto, l. 30). Dans cette même lettre, on trouve ie m’estois meconté (f. 17 verso, l. 27), et plus loin ie me suis mesconté (f. 20 verso, l. 44), avec une s récrite au-dessus, Descartes ayant écrit d’abord meconté. Enfin, voici deux derniers cas où son orthographe oscille entre es, é, et même e, sans accent : on trouve dans la même page et à quelques lignes d’intervalle, esloigné, éloigné et eloigné (f. 4, 5 ; notamment f. 7 verso, l. 31 et 37), et encore dans la lettre suivante, du 27 juillet 1638 (f. 11 recto, l. 6, 28, 31, 32, 36) ; de même, à quatre lignes d’intervalle (f. 4 verso, l. 7 et 3 avant la dernière), esloignement et éloignement. L’autre cas est celui du mot égal, et de ses dérivés : on trouve esgal, égal et egal, c’est-à-dire encore les trois formes es, é et e. Dans la longue lettre du 27 juillet 1638, cependant (f. 10 à 15, en tout dix pages), égal qui revient si souvent est écrit sans s. Il semble que les mots qui revenaient à chaque instant sous la plume de Descartes, comme égal, éloigné, dans les démonstrations géométriques, comme décrire, répondre, etc., sont aussi ceux où es devient plus aisément é ou e, comme si la lettre s’usait à force d’être écrite, et qu’on la supprimât pour abréger. — C’est d’ailleurs une question de savoir si le signe qu’on trouve au-dessus de cet é initial est bien un accent aigu, ou plutôt une abréviation de l’s qu’on évitait ainsi d’écrire dans le corps du mot : égal, au lieu de esgal[1]. Toutefois Descartes l’omet entièrement, nous l’avons vu, dans repont, medit, decrit, etc.

L’adjectif démonstratif cet présente un cas particulier : on l’écrivait cest, et cette lettre s, lorsqu’elle disparaîtra, sera remplacée par

  1. Dans les autographes de Descartes, l’accent aigu sur e au commencement des mots a souvent et très nettement une forme sinueuse comme d’une ſ écrite au-dessus de l’e. Il n’en est jamais de même à la fin d’un mot, où on est bien en présence d’un accent aigu. J’ajoute que si l’orthographe de Descartes est relativement soignée, il n’en est pas de même de son accentuation, ni de sa ponctuation ; là il y a souvent des négligences évidentes (T).