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FRAGMENT.


Quand les anges entre eux se parlent de la terre,
Le dernier qui l’a vue ébruite avec mystère
Quelque secret d’enfant pris dans cet humble lieu,
Qu’il cache sous son aile et qu’il rapporte à Dieu.

Nos mères les ont vus durant les nuits brûlantes
Semant sur leur chemin les étoiles filantes,
Ces éclairs sans orage aux glissantes blancheurs
Répandus sous les pas des anges voyageurs.

L’un d’eux, qui remontait souriant et plein d’aise,
Tandis qu’un cercle aimé le salue et le baise,
Dégageant ses beaux pieds de leurs sandales d’or,
Ouvre ainsi tout son cœur qui palpitait encor :

« J’arrive de la terre où la nuit est bien noire ;
L’homme en a presque peur ; c’est à ne pas le croire !
Les cœurs sont si cachés dans ces étroits séjours
Que même en se parlant on s’ignore toujours ;
Et, sinon les instants où d’indicibles flammes