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LA ROSE EFFEUILLÉE,

de Cowper[1].


Cette rose, ravie aux roses du jardin,
Par l’ondée orageuse avait été touchée.
On eût dit que des pleurs inondaient son beau sein,
Et sa tête charmante était pâle et penchée.

Moi, pour vous l’apporter dans ses vierges appas,
Je l’enlevai tremblante à sa verte patrie ;
Mais j’atteignis son cœur inprudemment, hélas !
Et je la vis tomber toute morte, ô Marie !

J’en plaignis chaque feuille… inutile pitié !
Qu’importe au cœur brisé votre tardif hommage !
Ainsi tombe des fleurs la plus frêle moitié.
Chagrins silencieux, n’est-ce pas votre image ?

  1. On sait que cette rose était une jeune esclave qui mourut d’avoir été maltraitée.