Page:Desbordes-Valmore - Poésies inédites, 1860.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 195 —


LE FANEUR ET L’ENFANT.


Le faneur.

Eh ! pourquoi pleures-tu ? ta colombe était vieille…

L’enfant.

Vieille !

Le faneur.

Elle allait perdant les ailes et les yeux ;
Elle ne trouvait plus son chemin vers les cieux,
Ni le froment de sa corbeille.
Il fallait la porter dans l’arbre au grand soleil,
Lui puiser l’eau du jour, la nourrir graine à graine ;
Elle avait toujours froid et se traînait à peine
De l’hiver à l’été vermeil.

L’enfant.

Ma colombe !…

Le faneur.

Ma colombe !… Ah ! ma foi, ta colombe est guérie.
Elle nous rendait sourds à force de gémir.