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— Et tu ne m’aimes pas un peu ?
— Et tu ne m’aimes pas un peu ? — J’aime l’orange.
— Tu n’es pas dans ton tort. Mais poursuis ton chemin
Sois libre comme l’air.
Sois libre comme l’air. — Je t’aimerai demain.
— Je le sais mieux que toi, ton regard me l’assure ;
Comme un petit serpent tu guéris ta morsure.
....................
— Je n’aime pas le grand qui me fait de grands yeux,
El qui lève toujours sa canne sur ma tête.
C’est un laid, c’est un noir, c’est une grosse bête !
Quand il sera petit et que je serai grand,
Nous verrons !
Nous verrons ! — Ne peux-tu l’éviter en courant ;
Et le laisser partir sans que tu te déranges ?
On se distrait d’ailleurs en mangeant des oranges.
C’est si bon, d’être bon, d’être gai, franc, loyal,
Et d’être pardonné quand on a fait le mal !
Dieu m’a traitée ainsi lorsque j’étais méchante :
Cette bonté toujours me rend bonne et m’enchante !
— Vous avez donc crié ?
— Vous avez donc crié ? — Tais-toi, c’était affreux !
Et les petits enfants se regardaient entre eux.
J’arrachais les fruits verds, je marchais sur les roses ;
Je faisais, comme toi, de très-vilaines choses.