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Et ma mère en fuyant pour ne plus revenir
M’emportera vivante à travers l’avenir !

Mais, avant de quitter les mortelles campagnes,
Nous irons appeler des âmes pour compagnes.

Au fond du champ funèbre où j’ai mis tant de fleurs,
Nous abattre aux parfums qui sont nés de mes pleurs ;

Et nous aurons des voix, des transports et des flammes,
Pour crier : « Venez-vous ! » à ces dolentes âmes.

« Venez-vous vers l’été qui fait tout refleurir
Où nous allons aimer sans pleurer, sans mourir !

Venez, venez voir Dieu ! nous sommes ses colombes ;
Jetez-là vos linceuls, les cieux n’ont plus de tombes ;

Le sépulcre est rompu par l’éternel amour :
Ma mère nous enfante à l’éternel séjour ! »


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