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QUAND JE PENSE À MA MÈRE.


Ma mère est dans les cieux, les pauvres l’ont bénie ;
Ma mère était partout la grâce et l’harmonie.

Jusque sur ses pieds blancs, sa chevelure d’or
Ruisselait comme l’eau, Dieu ! j’en tressaille encor !

Et quand on disait d’elle : « Allons voir la Madone, »
Un orgueil m’enlevait, que le ciel me pardonne !

Ce tendre orgueil d’enfant, ciel ! pardonnez-le-nous :
L’enfant était si bien dans ses chastes genoux !

C’est là que j’ai puisé la foi passionnée
Dont sa famille errante est toute sillonnée.

Mais jamais ma jeune âme en regardant ses yeux,
Ses doux yeux même en pleurs, n’a pu croire qu’aux cieux !

Et quand je rêve d’elle avec sa voix sonore,
C’est au-dessus de nous que je l’entends encore.