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DEUX MÈRES.


À Caroline Branchu.


Une femme pleurait des pleurs d’une autre femme ;
Elles ont leurs secrets qu’elles plaignent toujours.
Celle qui regardait reconnaissait son âme :
Aux plus tendres, dit-on, les plus tristes amours !
L’enfant s’était enfui du toit de la plus pâle ;
Le père avait crié : « Qu’il ne revienne pas ! ».
Et la mère, essayant ce ton sévère et mâle,
S’efforçait de crier : « Qu’il ne revienne… » hélas !

L’autre saisit ses mains, commandant le silence,
Comme on fait au malade aigri qui veut mourir ;
Puis, soulageant ce cœur frappé d’un coup de lance,
Lui dit ces mots sans art pour l’aider à guérir :

Lorsque Dieu descend sur la terre,
Il se cache au cœur d’une mère.

En regardant rouler nos flots.
Penché sur ce monde qu’il aime,